La montagne est en général une source de complications parce qu’elle induit des perturbations dans le mouvement de l’atmosphère,
perturbations d’autant plus difficiles à saisir qu’elles sont plus locales et leurs dimensions plus faibles. Elle peut cependant être aussi une aide à la prévision, d’une certaine manière, lorsque les perturbations qu’elle induit sont d’assez grande échelle et deviennent reproductibles dans des cas identifiés qui peuvent alors être annoncés.
La météorologie fait ce qu’elle peut, et elle le fait de mieux en mieux. Développant constamment les outils perfectionnés – satellites et ordinateurs – dont elle dispose depuis une quarantaine d’années, elle fait reculer patiemment les limites de l’imprévisible : une journée d’échéance de prévision gagnée à peu près tous les dix ans. Le reproche que l’on pourrait faire aux services de prévision pour la montagne est moins sur le contenu que sur le contenant. Au lieu d’être des efforts littéraires, parfois poétiques, les bulletins pour la montagne gagneraient à être plus techniques, formatés rigoureusement et à ne pas donner l’illusion de détails à des échéances où les détails sont imprévisibles. En prévision météorologique, l’humilité est de rigueur !
Le vrai problème c’est l’atmosphère ! Déjà, il y a l’eau, et elle change facilement d’état – vapeur, liquide, glace – dans la gamme des températures où nous vivons. C’est une grosse complication. Mais comme si cela ne suffisait pas, il y a les « battements d’ailes de papillon » : au bout de deux semaines le hasard est intervenu et a coupé toute relation de cause à effet, il n’y a plus de possibilité de prévoir l’état futur à partir de l’état initial. On emploie souvent l’expression « erreur de prévision », à tort à vrai dire. Il vaudrait mieux parler d’incertitude. « Erreur » donne à penser qu’il suffit de corriger, alors que en fait l’incertitude est inhérente au comportement de l’atmosphère.
Confronté à ce trio infernal, l’alpiniste ou le randonneur qui veut tirer parti de l’information météorologique disponible ne doit pas se comporter en consommateur idiot. Il doit connaître les limites du système et apprendre à se faire sa propre idée de l’incertitude de la « prédiction » qu’on lui fait. Cela demande un peu d’apprentissage et quelques efforts. Une bonne approche est de confronter les bulletins de prévision à de l’information plus brute, c’est-à-dire généralement considérée comme d’usage professionnel, mais que l’on peut assez facilement comprendre (ou en tous cas se faire expliquer par plus expérimenté), et qui est disponible sur Internet.
Ecrit issu du blog du groupe universitaire de montagne et de ski de paris